Antoine Cadi – Directeur de la recherche et de l’innovation au sein de CDC Biodiversité
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Le 28 avril lors de notre Positive Talk sur le thème de « L’interdépendance entreprises et biodiversité » (que vous pouvez retrouvez ici) nous avons reçu Antoine Cadi, Directeur de la recherche et de l’innovation au sein de CDC Biodiversité. Pour l’occasion nous avons échangé avec lui pour en apprendre davantage sur les missions de CDC Biodiversité, les enjeux actuels du calcule de l’empreinte biodiversité et l’importance de la préservation et la restauration de la biodiversité.
Question 1 : Quelles sont les missions de CDC Biodiversité ?
CDC biodiversité a été créée il y a 15 ans, désormais en filiale de premier rang du groupe Caisse des Dépôts et consignations. Notre mission est de concilier les enjeux économiques et ceux de la restauration et de la préservation de la biodiversité. Depuis toutes ces années nous travaillons à la fois sur le terrain à pouvoir engager des actions de restauration écologiques, à pouvoir les engager dans la durée et notamment assurer aux territoires les services écosystémiques, la pollinisation, la fertilité des sols, la qualité de l’eau, la photosynthèse etc. Et puis parallèlement un certain nombre de réflexions et d’outils qui permettent aux acteurs économiques, aux entreprises, aux collectivités territoriales, de bien comprendre : risque, dépendance et relation à la biodiversité pour pouvoir rentrer dans une démarche de transition, de prise en compte de la biodiversité au quotidien.
Question 2 : Pourquoi le temps long est-il important ?
Le professeur Gilles Bœuf le rappelle souvent, ce qui est formidable avec la biodiversité, c’est sa résilience, sa capacité à se restaurer par elle-même, à restaurer ses écosystèmes et à nouveau fournir ses services écosystémiques, sols fertiles, qualité de l’eau, photosynthèse etc., dont nous avons tant besoin. Mais pour cela elle a besoin de temps. C’est pour cette raison qu’il est absolument nécessaire de pouvoir engager bien sûr des actions de restauration écologique, mais surtout leur permettre de se projeter sur le temps long. Ce temps long ce sont plusieurs décennies. A la Caisse des Dépôts on aime à dire qu’au-delà de 50 ans on commence véritablement à être utile, à être efficace et surtout à permettre à apporter aux territoires des réponses à la hauteur et à l’échelle qu’il faut adresser s’agissant des questions environnementales et particulièrement des sujets de préservation et de restauration de la biodiversité.
Question 3 : Calculer l’empreinte biodiversité, c’est possible ?
Depuis 2 ans avec le Global Biodiversity Score il est possible, pour les entreprises, pour les investisseurs de mesurer, d’évaluer son empreinte sur la biodiversité. On avait pris l’habitude depuis quelques années de faire cet exercice sur les émissions de gaz à effet de serre, de faire son bilan carbone, et bien désormais il est possible avec le GBS, avec d’autres méthodologies également d’ailleurs, de mesurer son empreinte biodiversité. C’est à dire qu’on va être en capacité d’écouter ce que les scientifiques nous disent, ce que l’IPBES attend des entreprises, des collectivités, notamment cette ambition 0 perte biodiversité, 0 perte nette. En nous rappelant d’ailleurs que ça ne sera pas suffisant, qu’il faudra aller vers un gain net, c’est à dire vers une restauration de la biodiversité de 15 à 20%. Avec cet outil de mesure d’emprunte, on va pouvoir regarder d’où l’on part et se projeter dans une perspective d’alignement avec ces ambitions qui sont véritablement un défi.
Question 4 : Croyez-vous-en la COP 15 ?
Nous attendons la COP biodiversité, la COP 15 qui devait avoir lieu en 2020 qui a été repoussée à plusieurs reprises, ça fait 5 fois en fait que les dates sont à nouveau fixées. Fort heureusement les Nations Unies continuent à animer le travail préparatoire en perspective de cette COP 15. Si on veut faire un parallèle avec le climat, là encore c’est exactement ce que l’on attendait au moment de la COP 21 en 2015. La COP 21 sur le climat, la COP 15 sur la biodiversité. Vous voyez à travers ces 2 chiffres nous n’avons pas eu le même agenda ces deux dernières décennies. Malheureusement sur la biodiversité on a pris du retard, donc 2022 sera, je l’espère, avec la sortie de la pandémie, en tout cas une sortie suffisante pour qu’on puisse avoir ce grand rendez-vous international, véritablement un moment d’engagement, un moment de formalisation des engagements à tous les niveaux international, national et puis également pour chacun d’entre nous au niveau des entreprises, au niveau peut être des individus, des collectivités certainement, un moment de formalisation de notre feuille de route pour les prochaines années.
Question 5 : Un positive word pour conclure ?
Le mot que je retiendrais s’agissant de la biodiversité c’est celui de l’action. Nous n’avons plus le temps d’attendre, nous n’avons plus le temps de repousser à de quelconques autres échéances le moment de l’engagement pour la biodiversité. Donc agissons, agissons dès à présent, même si en parallèle il faut continuer à connaitre, continuer à faire de la pédagogie, à éduquer, continuer à progresser dans la compréhension qu’on a de tel ou tel processus. Nous savons d’ores et déjà ce que nous pouvons faire donc agissons dès à présent pour la préservation de la biodiversité.